3eme jour à BA
03/07
Aujourd’hui, on doit retrouver d’autres amis français dans le quartier de San Telmo pour manger ensemble. On prend le subte. On arrive facilement à faire le changement de ligne et en un quart d’heure, on est à San Telmo. L’hostel Carlos Gardel devant lequel on doit les retrouver n’est pas tout près de la sortie du subte. Armés d’un plan, on s’enfonce dans les rues du quartier.
Le quartier San Telmo est connu pour être le quartier des artistes, un peu bohème, et où il y a beaucoup de brocantes, en particulier le dimanche. Au début, les rues ne sont pas vraiment commerçantes et les immeubles devant lesquels on passe sont moins beaux que ceux que l’on peut voir dans le quartier Recoleta où on réside. Mais au cœur de San Telmo, il y a une rue piétonne avec plein d’artisans vendant principalement des objets en cuir, des tableaux, des bijoux ou des récipients pour boire le maté. Le maté, encore une spécialité culinaire argentine, est une sorte de thé en plus amer, enfin, il paraît, on n’a pas encore eu l’occasion de goûter…
A un coin de la rue, on est tombés sur un groupe de musiciens composé de plusieurs guitaristes, un accordéoniste, un pianiste qui jouaient des morceaux de tango assez sympas. On a retrouvé nos amis français avec qui on est allés s’acheter de délicieuses empanadas dans une panaderia (boulangerie) : patate douce/mais, jambon/fromage, bœuf. On s’est aussi offert un petit dessert : on a goûté plusieurs petits gâteaux dont je suis incapable de vous dire le nom et des churros au chocolat, c’était très bon ! Après manger, on s’est baladé un peu dans San Telmo et nos amis français voulaient aller visiter le quartier de la Boca.
La Boca est très prisée par les touristes qui viennent admirer les façades colorées des maisons, et apprécier le rythme de vie animé du quartier mais la Boca est aussi connue pour être un quartier pauvre de Buenos Aires où il faut faire très attention à ses affaires et aux rues où l’on s’aventure. On avait pas prévu d’y aller si tôt dans notre voyage mais l’invitation de nos amis français nous tentait bien puisqu’il était plus rassurant d’y aller à 5 qu’à 3. On regarde l’itinéraire conseillé par les guides avant de partir et on commence à se diriger vers les grandes avenues. A peine 2minutes après avoir commencés à marcher, alors qu’on était en train de traverser une grande avenue alors déserte de tout piéton : Paseo Colon, un groupe de 10 ou 15 jeunes âgés d’une quinzaine d’années nous sont littéralement tombés dessus. Je tenais dans ma main mon petit appareil photo numérique, dans sa housse et la lanière était autour de mon poignée.
Avant d’avoir pu vraiment réaliser ce qui était en train de se passer, je l’ai senti s’agripper à mon appareil photo et tirer dessus pour me l’arracher des mains. Je ne m’y attendais pas mais je tenais quand même bien mon appareil et le bonhomme avait du mal à me l’arracher. A la fois persuadée que ma situation était visible aux yeux de mes amis, surprise et concentrée sur la force que je devais mettre dans ma main pour empêcher l’agresseur de me piquer mon appareil photo, aucun son ne sortit de ma bouche.
Malheureusement, deux autres jeunes arrivèrent autour de moi, l’un aidant mon premier agresseur à me sortir l’appareil photo de la main et l’autre commençant à tirer sur mon sac en bandoulière. Dans mon sac, j’avais fait en sorte de ne pas avoir beaucoup d’argent donc de ce point de vue ce n’était pas très gênant, j’avais surtout mon passeport, carte d’identité, carte de crédit, clefs pour ouvrir le cadenas de ma valise que je ferme systématiquement lorsqu’on sort…Alors je sais pas vraiment ce qui s’est passé dans les détails parce que bizarrement mon cerveau n’a pas tout enregistré mais je sais que contre deux personnes qui m’arrachaient l’appareil photo, j’ai lâché prise. Enfin, la lanière de l’appareil photo qui était autour de mon poignée est restée mais pas l’appareil au bout. C’est ballot ! Enfin je crois que j’ai surtout eu très peur de perdre mon sac alors je pense qu’inconsciemment, j’ai préféré sacrifier mon appareil photo pour pouvoir tenir à deux mains mon sac qu’un connard m’arrachait par derrière. Je me suis tellement cramponnée à mon sac que je me suis retrouvée par terre, les 4 fers en l’air, mais collée à mon sac comme une vraie sangsue. J’ai eu la trouille quand j’ai vu et j’ai senti que l’un de mes agresseurs avait réussi à casser la bandoulière. Je voyais le moment où il filait avec. Mais j’ai continué à faire ma sangsue et je sais pas pourquoi mais ils ont finis par abandonner.
Maintenant qu’ils s’en allaient tous en courant, je comprenais pourquoi aucun de mes amis n’était venu m’aider : tous avaient été emmerdés. Les jeunes avaient essayés de faire les poches aux garçons et avaient commencés à leur envoyer des cailloux, Hanane, l’autre fille, un peu en arrière par rapport à moi, avait vu qu’ils essayaient de m’arracher mes affaires mais elle ne pouvait rien faire alors elle a eu le reflex de se mettre sur la route très passante afin qu’ils ne viennent pas l’embêter à elle aussi et elle a crié. Alors qu’ils courraient en emmenant leur butin, ils nous jetaient des cailloux donc on a très vite dégagé. Une fois partis, choqués, on s’est expliqués un peu ce que chacun avait vécu lors de cette agression. Deux portenos sont arrivés en courant pour nous aider mais il était trop tard. On a pu rapidement parlé avec eux. Ils nous ont dit que normalement il n’y avait rien à craindre sur cette rue, que c’était nouveau cette bande de jeunes qui volent à l’arrache et que c’était vraiment la faute à pas de chance qu’on soit tombés dessus… Ils nous ont donné le numéro de la police. Comme il y avait un commissariat à 2 pas de là ou on se trouvait, on est allés déclarer le vol. On était loin d’être les seuls à qui c’était arrivé dans l’après-midi. Quasiment tous les quarts d’heure, une nouvelle personne venait déclarer un vol commis dans le quartier. La plupart était des touristes. Et dire qu’on avait failli prendre un appartement dans ce quartier…
Après le bureau des déclarations c’était un peu une grosse blague. Pendant quasiment une demi-heure, aucun policier n’était dans le bureau pour prendre les déclarations. Et pourtant, on en voyait défiler des policiers mais ça n’avait pas l’air de les préoccuper plus que ça d’avoir une queue qui s’allongeait dans le hall d’entrée. Du coup, on a eu le temps de le scruter le hall d’entrée. On retiendra tout particulièrement la croix en bois sur le mur avec en dessous les vieux portraits de deux policiers à la tronche peu commune.
Allez, un policier s’assoit enfin à ce bureau ! J’ai pu faire ma première déclaration. Je garde le papier en souvenir. En espérant qu’il n’y en ait pas d’autres…
Pour se remonter un peu le moral, on s’est payé une bouteille de coca. On est vite rentrés, pressés de quitter ce quartier dans lequel on ne se sentait pas en sécurité. Sur le trajet, on a imaginé toutes les stratégies que l’on pourrait adopter pour planquer nos papiers et nos sous. Avec Hanane, on a aussi envie de prendre des cours de self défense ou un sport dans lequel on nous apprenne à nous dégager d’un agresseur et à nous défendre. A la base, on voulait faire de la danse, du tango par exemple, histoire de s’imprégner complètement de la culture argentine…
Le soir, on est allés dans un resto au coin de la rue. Aucun de nous n’avait envie de trop s’écarter de l’hostel. On s’est offert un bon repas. Pour la première fois depuis notre arrivée, j’ai pris un steack de bœuf. Même si la viande était très cuite, elle était excellente.
Après notre repas, on est retournés à l’hostel et on a consacré notre soirée à se renseigner sur les demandes d’indemnisation Air-France. Toute la soirée donc à lire nos droits dans les différents articles de la directive CE 261 2004 et sur l’arrêt de la CJCE. On est devenus des juristes le temps d’un soir.